Diapositive précédente
Diapositive suivante

Le Saint-Édouard, Montréal | MSDL 

Diane Lafontaine a travaillé en tant qu’architecte pendant plusieurs années pour la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes prenant part à la conception et à l’exécution de plusieurs projets d’architecture résidentielle et institutionnelle de moyenne et grande envergure à Montréal dont la réhabilitation et conversion de l’ancien Asile des Petites Sœurs des pauvres construit en 1892-93, communément appelé Maison Saint-Édouard, en ensemble d’habitation multifamiliale, un bâtiment de valeur patrimoniale exceptionnelle situé sur le boulevard René-Lévesque O dans le secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Haut de la falaise dans le quartier des Grands Jardins de l’Arrondissement Ville-Marie. Le bâtiment rénové comprend 22 unités d’habitation répartis sur 4 étages et, dans l’ancienne chapelle, des espaces récréatifs (piscine intérieure, spa, sauna, gymnase, salle de yoga et lounge) répartis sur 3 étages. Ce projet de conversion fait partie d’un ensemble résidentiel d’envergure comprenant également deux édifices d’habitation : un édifice de 15 étages (O’Nessy), un édifice de 20 étages (Shaughn) et des stationnements souterrains, ensemble intégré à l’espace urbain environnant avec comme voisins immédiats la maison Shaughnessy (le Centre canadien d’architecture), le jardin de sculptures du CCA créé par Melvin Charney et les maisons bourgeoises au nord du boulevard René-Lévesque Ouest. 

LE BÂTIMENT D’ORIGINE 

En 1892-1893, la congrégation des Petites Soeurs des pauvres fait construire sur un terrain boisé un asile pour 80 personnes agées et une douzaine de religieuses un bâtiment conçu par l’architecte Casimir Saint-Jean qu’il nommera Maison Saint-Édouard. Le bâtiment d’origine est composé d’un corps central de 4 étages, un portique, un avant-corps et d’une aile ouest, et à l’extrémité arrière du corps central se trouve la chapelle. Il faut attendre en 1910-1911 pour que l’aile est du bâtiment soit construite. Elle diffère par son traitement de la toiture qui est plate mais, avec un plan en « E » et ses avant-corps, l’ensemble est symétrique par rapport à l’axe central de la chapelle. En 1951-1952, un agrandissement avec toiture plate fut construit au sud de l’aile ouest.  

IMPLANTATION D’ORIGINE

Le bâtiment d’origine est implanté au haut de la falaise adjacente à la voie ferrée est-ouest du Canadien Pacifique. L’accès à la propriété se faisait par la rue des Seigneurs (aujourd’hui disparue) située à l’ouest et au sud du bâtiment. La façade, située sur la rue des Seigneurs et parallèle au chemin de fer, surplombait la ville et avait vue sur le fleuve tandis que l’arrière du bâtiment donnait sur la ruelle qui la séparait des maisons bourgeoises en rangée situées sur le boulevard René-Lévesque Ouest (anciennement boulevard Dorchester). Tout autour du bâtiment, on y avait aménagé un grand jardin avec pergola, pavillon et grotte. 

TRANSFORMATION DU SITE AU FIL DES ANS

Le site a été transformé au fil des ans : lors des travaux d’élargissement du boulevard Dorchester, les résidences bourgeoises qui le longeaient jadis sur son côté sud furent démolies. La construction de la bretelle d’issue de l’autoroute Ville-Marie dans les années 1960 entraîna la disparition des jardins à l’ouest du bâtiment et la fermeture d’une partie de la rue des Seigneurs, la perte de l’entrée au site, avec pour conséquence la complète désorientation du bâtiment d’un point de vue urbain. Le site fut amputé à l’est par l’ajout de la rue Joseph-Manseau, rendue nécessaire pour permettre l’accès à la propriété. La partie du site entre l’asile et le boulevard Dorchester (où étaient situées les maisons bourgeoises et la ruelle) fut asphalté et l’ensemble clôturé. Par la suite, les ajouts de 1910-1911 et de 1950-1951 avec toitures plates furent démolies tandis que le bâtiment d’origine avec ses toitures mansardées construit en 1892-1893 fut conservé. 

IMPLANTATION ACTUEL
Sur le site de la maison Saint-Édouard, un bâtiment résidentiel de 15 étages, O’Nessy, est construit aux abords du boulevard René-Lévesque à l’emplacement des maisons bougeoises démolies. Un autre bâtiment résidentiel de 20 étages, Shaughn, est construit aux abords de la rue Joseph-Manseau. Ces deux nouveaux bâtiments viennent enceintré sur deux côtés le grand jardin commun qui a été aménagé dans lequel repose la partie restante du bâtiment historique, jardin semé de plantes indigènes et comprenant des arbres matures dans la falaise. 

RÉHABILITATION DE L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT

Le parement de pierre grises de taille est restauré (le rez-de-chaussée au bossage grossier et les étages au bossage plus fin et appareil plus petit ainsi que la pierre de taille lisse du portique). Les lucarnes décoratives en bois recouvert de tôle peinte, aux motifs ornementaux et couronnés de petites croix sont également restaurées ainsi que la corniche en tôle bosselée agrémentée de modillons et moulures. Les fenêtres d’origine en bois (fenêtres rectangulaires et fenêtres à arc de plein cintre) sont remplacées par des fenêtres à guillotine avec imposte en aluminium peint plus performantes d’un point de vue énergétique. Les longues fenêtres de la chapelle sont également remplacées et redessinées en s’inspirant des fenêtres d’origine. Le revêtement des toitures mansardées est remplacé par un revêtement de tôles à baguettes (le revêtement d’origine ayant été remplacé par du bardeau d’asphalte). Les portes en bois d’origine sont également remplacées par des portes vitrées avec cadre en aluminium. Des balcons en aluminium peint sont construits en s’inspirant des balcons d’origine en bois situés à l’ouest (qui avaient été démolis). Le revêtement de la toiture à double pente de la chapelle est remplacé par de la tôle installée « à la canadienne » en biais (le revêtement d’origine avait été remplacé par du bardeau d’asphalte). Une paroi d’expression plus contemporaine, de tôle peinte installée « à la canadienne » de façon orthogonale, vient recouvrir la fracture laissée par la démolition de l’aile est du bâtiment, comme une trace du passé. Un jeu d’origami vient ponctuer l’entrée au bâtiment.

LES INTÉRIEURS
L’intérieur du bâtiment est dégarni et complètement réaménagé pour accueillir les unités d’habitation tout en mettant en valeur certains éléments historiques telles les murs de brique. Des ascenseurs sont  ajoutés. Chacun des 4 étages comporte des plafonds de 9 à 12 pieds de hauteur avec une qualité de la lumière naturelle appréciable et des vues exceptionnelles vers Montréal aux étages supérieurs. Tous les logements donnent sur le grand jardin de la propriété et certains ont une vue sur le jardin de sculpture du Centre canadien d’architecture conçu par Melvin Charney et d’autres, sur la falaise boisée. L’ancienne chapelle du bâtiment située au nord a été transformée en espaces récréatifs répartis sur 3 étages pour tous les résidents de l’ensemble résidentiel. On y retrouve une piscine intérieure comprenant une section bain à remous (spa), un sauna, un centre de conditionnement physique avec salle de yoga et un lounge comprenant foyer, table de billard, salle de réunion et espace cinéma. Pour ce qui est des matériaux, le bois d’ingénierie et le gypse sont utilisés dans les logements, le marbre blanc et noir a été utilisé dans le hall d’entrée et à la piscine.